poésies: histoires de lune...

Histoires de lune...

 

Demi-lune

comme un gâteau

coupé au couteau,

brune

comme l’éclat

violent

d’un diamant

aux cent mille carats,

tu éclaires la nuit

dans un noir

sans mémoire

et un vent qui frémit,

tu parles de clarté

aux hommes tendres

qui ne se lassent d’attendre

la Vérité,

tu invites

à scruter les rondeurs

de ce qui fait les heures

de nos rites,

tu es Appel

aux infinies patiences.                                                          1992



 

Lune

comme un ballon jeté

dans l’obscur

de la nuit

comme un ventre arrondi

plein d’attente

d’enfants-rois

tu dessines un visage

à la face de l’homme

pour pleurer un peu

l’insolence du temps

pour sourire en son âme

la beauté envoûtante

d’une vie qui se crée.

Le secret de mon être

en douceur se pénètre

de cette lune pleine

de gestation de joie

et puis un voile tout doux

s’y pose et la déguise

comme belle marquise.

Un pas de vent de danse

la voilà qui bondit

de clarté alourdie

pour un jeu de naissance

à l’esprit de l’instant.                                                              1996


 

 

La lune ce soir

semble alanguie, endormie,

albane,

dans un ciel plein d’encre.

Est-ce elle pourtant

qui force le vent

à violer les voilures

elle, si fragile

suspendue à son fil ?

Une étoile la ponctue

et la lune ce soir

interroge le monde :

ce croissant

dans la ronde des nuits

invite-t-il l’homme

à partager la faim

des bontés qui s’écrient ?

Cette lame effilée

cette larme éclatée

est-elle la conscience

des souffles égorgés

des cris qui perdent souffle ?

Si la lune ce soir

pouvait tracer son onde

sur la ronde du monde,

comme son trait si tenu

écrit au dos des vagues

illumine la nuit,

peut-être que les hommes

s’artificeraient-ils

dans un feu de bonté.                                                                   1997                                        

 


 

Madame la Lune

tu nous tends la main

tu es si proche

qu’on pourrait te cueillir

comme un fruit permis

au chemin de la connaissance.

Est-ce toi qui accroche le vent
à la crête des vagues

pour faire dire à l’homme

qu’il n’est ni maître du temps

ni maître du sable.

Tu es pleine

Madame la Lune
de ces envies de mordre

aux rondeurs indécentes

de la vie.

Est-ce toi qui invite
à l’éclat de l’enfance

pour inventer l’histoire

de l’homme

et de la femme

de cette nudité retrouvée de l’âme

qui se joue des tristesses

qui s’expose à tous voirs.

Tu donnes la folie
de t’attraper au vol
de te plonger toute vive
dans l’onde de la nuit
mais tu vas rejaillir
comme un ballon de feu
pour t’amarrer à neuf
à la quête de l’homme.                                                          1997


 

 


La lune,

cil léger

ou blanche calligraphie,

se pose

sur la joue de la nuit.

C’est le temps

du silence,

du repos,

des souhaits,

des secrets.                                                                             1999


 

 

Ce soir,

pleine lune

en pleine poire

pomme échappée

du panier

de la nue.

Fruit

au jus

de lumière

peau de pêche

sur velouté de ciel.

Ce soir,

cette lune

est rencontre

sur le pas

de la nuit.

Paroles,

larmes et rires

se mêlent

et deviennent

nourriture

pour l’homme.                                                                     1999


 

 

Lune ronde

lune triste

lune « clair »

de Chopin

lune blanche

comme la nuit

lune fière

lune fièvre

des sens

lune reine

lune vie

naissance

d’enfants rois

lune grève

lune temps

des marées

lune « point »

dans l’espace

lune lame

lune larme

lune arme

des hommes

lune rire

lune cible

du délire

des fous

que nous sommes.                                                                  1999


 

 

Dame Lune, engrossée de lumière,

se penche par la fenêtre de la nuit.

Elle prend, dans sa rondeur altière,

le souci de la folie des hommes.

Elle, drapée d’un voile de mariée

comme une vierge brune,

porte ses yeux de lune

sur la quête inquiète de l’homme fatigué.

Blonde Dame, ce soir, n’a pas envie de rire

et semble pleurer ses dires

pour caresser de larmes d’or

le sommeil sans trêve de l’homme qui s’endort.                                     1999



Le soleil borde la lune

de lumière.

Elle, comme une plume

légère,

éclabousse la nuit

de sa fine clarté.

Le vent en folie

pourrait bien l’emporter

mais elle semble dormir,

impassible, alanguie.

Nul ne peut la ravir

dans l’écrin de la nuit.

Elle est là,

ancre claire,

arrimant l’au-delà

sur le dos de la mer.                                                               An  2000   



La lune baigne

dans la saveur sanguine

du jour qui décline.

Assise dans le fauteuil

bleu ciel

de la nuit qui surgit,

elle ne dort pas.

Je suis plantée, là,

devant elle,

ni fière,

ni soumise,

le regard droit

dans ses yeux de clarté.

Elle oblige, la lune,

de sa ronde immobile,

de ses traits dessinés,

à planter le décor .

Pas de fuite possible :

le face à face est de mise.

Sinon il faut partir

loin des nuits,

des combats,

des tourments,

des fragiles victoires.

La lune invite

avec force

et douceur

à revêtir de clair

la dignité de l’homme.                                                An 2000



Pour le plaisir, je passe devant ta porte.

Il est minuit, c’est la lune qui m’emporte

dans les rues, dans les rires, dans le temps,

dans le bonheur, le présent, dans l’instant.

Il y a des dires qui voyagent au-delà de l’ici

et qui s’en viennent rejoindre le bout de l’infini

de ton cœur, de ton cri, de tes mains

de ton feu, de tes désirs d’humain.

Pour le plaisir, je regarde par ta fenêtre.

Il fait nuit, les étoiles font renaître

les pages oubliées, écrites de mystère

de tes rêves de vie, d’envies, de lumière.

Tu es nu comme l’enfant naissant,

fatigué peut être de chercher au présent

un sens au prix de ce qui fait tes jours.

L’avenir est ouvert, l’enjeu est au détour

Pour le plaisir, mon regard se plante dans le ciel.

Il fait noir, je goûte la saveur de miel

d’être en vie, d’être là, exultante

d’un rien, d’une beauté, d’un souffle en attente.

Parfois les nuits sont plus claires que les jours

et l’esprit se fait simple, limpide, sans atour.

Ma jubilation aimerait te rejoindre et te défatiguer

pour te plonger tout nu dans un lit de clarté.                                               An 2000

 

 

 

La lune

se gondole,

non pas de rire

mais de pleurs.

Toutes les larmes

du ciel

brouillent sa clarté.

Ce soir, la lune

est amputée

de son dernier quartier

et semble désolée

d’être dévoilée,

soudain,

sans son manteau

de larmes.

Elle est seule,

les étoiles

ne sont pas accrochées

encore

aux hautbans

de la nue.

Alors la lune

se tord de pluie

et d’ennui

dans les bras

de la nuit.                                                                            An  2000


 

 

La lune est grosse

et sa blonde rondeur

éclate, pure et belle

comme une hostie de Vie.

Un visage d’amour

semble s’y dessiner,

penché, comme un veilleur

d’infinie miséricorde.

Tendresse d’un Dieu

qui désire se donner

à voir et à manger

ou bien regard d’homme

qui invente le monde

en dessinant la nuit ?

Peut-être, sûrement

les deux, complétude

de l’homme et de son Dieu.                                            An 2000

 

 

 

La lune semble de guingois.

Elle a reçu un coup de poing dans la gueule.

Eh bien, quoi ?

Tout est bon pour paraître moins seule

dans la nue toute nue de vos soirs.

S’il le faut, je me mettrai à boire

le vent affolant du grand large

Et j’irai me coucher, enivrée,

dans mon lit de nuages

et ainsi, d’ici-bas, me laisser regarder.

Et là, vous me verrez, différente,

seule, délaissée, implorante,

quêtant de vos regards de paresse

juste une miette de tendresse.

Voilà, c’est tout simple.

Pas de quoi fouetter la nuit.

Juste la lune, humble,

qui souffre sans bruit .                                                                2002



 

La lune toute entière

me regarde et me nargue

Elle se targue

d’être là la première

dans la nuit toute obscure

des blessures

des hommes.

« C’est ma pomme

qui éclaire leurs pas

tendrement, doucement,

dans le rythme du temps.

Toi, tu n’es pas là

au plein cœur de la nuit

quand il faut, engourdie,

écouter et pleurer,

porter et caresser,

prendre dans sa rondeur de lune

l’homme et sa douleur nocturne.

Ma lumière, oui,

et pas encore la tienne,

porte dans la nuit

les cris qui se déchaînent.

Demain, à l’aube des naissances

je te passerai la main

pour qu’alors tu donnes sens

à l’homme et son chagrin » .                                                              2003


 

La lune, ce soir, se repose

dans son hamac de lumière.

Accrochée en croissant

aux montants de la nuit

elle rêve.

Elle rêve à des nuits sans temps

où elle n’aurait plus à supporter

les bêtises des hommes.

Des nuits couleur des dieux

couleur de feu

juste faites pour se laisser bercer

d’insouciance et de sens.

Elle rêve, la lune,

de son éclat posé

au milieu de la nue.

Qui est-elle pour changer,

critiquer l’ordre du monde ?

Une lame étirée de lumière,

lasse d’être témoin

des dessins noirs des hommes.                                                         2003


 

 

Ce jour, la lune est pleine et grosse

au point qu’elle semble engrossée

de trois drôles.

Que c’est drôle !

Elle est fière et éclairée

des rayons de la nuit

et elle se penche, sérieuse,

sur le berceau du monde.                                                                   2004

 

 

 

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